Auteur : Floriane Soulas
Genre : fantastique
Éditions : Pocket
Parution : 11 Mars 2021
Pages : 462
Série : non
Prix : Numérique : 4,99€ - Papier : 8,40€
Achat : Cultura - Les Noces de la Renarde
Résumé
1467, Japon. Hikari, une mystérieuse jeune femme, vit avec ses sœurs dans une forêt peuplée de petits Dieux de la province d’Izumi. Fascinée depuis toujours par les humains, elle s’intéresse de près aux villageois installés au pied de la montagne, et plus particulièrement à Jun, l’un des bûcherons. Mais le contact avec les hommes est formellement interdit par son clan…
2016, Tokyo. Depuis toujours, Mina a le pouvoir de voir et de côtoyer les yokaï, esprits et monstres du folkore japonais. Solitaire à cause de ce don qu’elle doit cacher à tous, la jeune fille ne se sent pas à sa place dans la société. Jusqu’au jour où un esprit tente de s’introduire dans ses rêves et que Natsume, une fille de sa classe, l’entraîne dans une chasse au démon à travers la capitale…
Deux univers qui se croisent, deux destins qui s’entremêlent, entre quête d’identité et désir d’émancipation.
Avis lecture
Mon enfance ayant été marquée par les mangas, je me suis très tôt intéressée à l'Asie et plus particulièrement au Japon et à la Corée du Sud. Donc, dès que je tombe sur un ouvrage trouvant son inspiration dans l'un de ces pays, j'ai tendance à me jeter dessus sans trop me poser des questions. Pour peu que la couverture me plaise et c'est fini, direct dans ma Pile à Lire.
Les Noces de la Renarde n'a pas échappé à la règle : inspiration Japon, belle couverture, un résumé qui donnait envie, il m'était impossible de passer à côté. J'ai bien envie de vous dire heureusement parce qu'en plus c'est un coup de cœur !
Floriane Soulas nous plonge dans une aventure au cœur des mythes et légendes du Japon, nous transportant d'une époque à l'autre pour faire et défaire les liens du temps et du sang. D'un côté, une divinité mineure vivant dans la forêt, au XVème siècle : Hikari, déesse renarde, fascinée par les humains du village au pied de la montagne. Son intérêt pour eux n'est pas vu d'un bon œil par ses sœurs. Jusqu'ici, elle était parvenue à se limiter à une simple observation. Jusqu'au jour où elle croise le chemin de Jun...
Puis, au XXIème siècle, nous avons en parallèle Mina, une jeune fille renfermée, capable de percevoir le monde des yokaï. Alors qu'elle est poursuivie par un esprit jusque dans ses rêves, des meurtres étranges ont lieu en ville : les victimes sont vidées de leur sang. Leur point commun : elles étaient toutes des yokaï. C'est là que Natsume, une élève de sa classe, découvre son don et l'entraîne dans une chasse au démon. Et c'est comme ça que Mina prend pleinement conscience de l'existence d'un monde qu'elle rejetait jusqu'ici.
Deux ambiances, deux univers, deux époques différentes. Le seul lien semble être, a priori, l'univers des yokaï, auquel appartient Hikari et que Mina peut percevoir. Mais cela s'arrête là. Floriane Soulas va ainsi prendre un malin plaisir à faire durer le suspense. Les liens ne se feront que progressivement, et même, tardivement. Ce n'est qu'arrivé dans le dernier tiers du roman que tout se met réellement en place, nous précipitant vers une fin un peu trop précipitée à mon goût. Alors oui, j'avais vraiment envie d'en apprendre beaucoup plus rapidement. Mais je trouve que le suspense est bien dosé, les rythmes étant très différents pour les deux époques. Tout se déroule beaucoup plus vite dans les parties de Mina (malgré quelques toutes petites longueurs par moment), à l'image d'un siècle où chaque seconde compte. En revanche, tout semble quasiment suspendu dans les parties de Hikari, l’histoire progresse vraiment pas à pas et parfois ça en est même frustrant. Personnellement, je ne saurais pas vraiment vous dire quelles parties j'ai préféré. Hikari et Mina sont deux personnages très différents et leurs histoires, bien que liées, se déroulent à des époques qui n'ont absolument rien à voir. Cela crée deux ambiances très différentes que j'ai autant apprécié l'une que l'autre. J'ai bien aimé Hikari, notamment le fait qu'elle soit déchirée entre son intérêt pour les humains et son amour pour son clan. C'est ce qui l'a rendue intéressante, bien que très classique dans son développement (et donc légèrement prévisible dans la suite des événements). Quant à Mina, je trouve qu'elle a une volonté incroyable et qu'elle gagne en confiance au fil des pages, ce qui la rend attachante. Mais il n'y a pas qu'elles. Côté Hikari, nous avons quelques personnages intéressants, notamment Morio, pour laquelle j'aurais aimé avoir plus de développement. Après tout, sans elle, rien de tout ce qui a suivi ne serait arrivé... Côté Mina, Natsume m'a vraiment touchée. En manque de reconnaissance de son père, elle envie Mina pour son pouvoir sans jamais se montrer méchante envers elle, contrairement à Morio, dont la jalousie possessive envers Hikari la poussera à commettre des cruautés.
Avec tous ces personnages intéressants, si j'ai apprécié la fin en elle-même, c'est la manière dont elle a été amenée qui m'a un peu dérangée. Elle m'a parue quelque peu bâclée, un poil trop rapide. Certains personnages ont été assez vite écartés. L'affrontement final méritait ainsi plus de développement, surtout quand on voit que l'auteur a vraiment bien développé les personnalités de la plupart de ses personnages au fil des pages. C'est dommage de ne pas en avoir appris plus sur les autres protagonistes de la fin car cela les rend un peu trop cliché. Or, s'il y a bien une chose que j'ai apprécié dans ce roman, c'est que malgré les aspects prévisibles de l'intrigue, les personnalités sont réellement travaillées et approfondies.
En discutant de cette lecture avec certains passionnés du Japon, apparemment, il y aurait quelques erreurs de contexte qui les ont gênés. Floriane Soulas situe son histoire au Japon. Tout n'y est pas tout à fait exact, que ce soit tant d'un point de vue géographique, que mythologique ou historique. Personnellement, ça ne m'a absolument pas gênée. Je ne prétends pas être une experte. J'ai bien compris les sources d'inspiration du roman. Moi tout ce que je demandais, c'était d'être transportée et ce semblant d'exactitude me va. L'idée, à mon sens, était de donner un cadre, un contexte. Pas d'avoir un manuel sur le Japon. Je ne pourrais donc pas reprocher à l'auteur ses petites erreurs puisque je n'en ai pas les connaissances et surtout, je n'en ai pas l'envie car à mon sens, ce n'est pas l'objet premier du livre.
Conclusion
Les Noces de la Renarde de Floriane Soulas est un petit coup de coeur qui a su m'emporter à travers les âges et les mythes, à la rencontre des petites déités du Japon.
Extrait
« Elle aurait voulu s'excuser, demander pardon. Elle n'avait jamais demandé pardon à qui que ce soit. Elle était Hikari, la chasseresse du clan, elle était une déesse. Les petits dieux ne s'excusaient pas, ils prenaient ce dont ils avaient besoin et s'en retournaient dans leurs forêts, repus et satisfaits. »
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