Auteur : Gustave Flaubert
Genre : Classique
Éditions : Flammarion
Publication : 24 août 2013
Pages : 622 pages
Prix : 5,20€
Achat : Cultura - L'Éducation Sentimentale
Résumé
Un jeune provincial de dix-huit ans, plein de rêves et plutôt séduisant, vient faire ses études à Paris. De 1840 au soir du coup d’État de 1851, il fait l’apprentissage du monde dans une société en pleine convulsion. Sur son chemin, il rencontre le grand amour et les contingences du plaisir, la Révolution et ses faux apôtres, l’art, la puissance de l’argent et de la bêtise, la réversibilité des croyances, l’amitié fraternelle et la fatalité des trahisons, sans parvenir à s’engager pour une autre cause que celle de suivre la perte de ses illusions.
Écrit dans une langue éblouissante et selon des règles narratives inédites, L’Éducation sentimentale, publiée en 1869, est peut-être le chef-d’œuvre de Flaubert le plus abouti et le plus mystérieux. En cherchant à représenter l’essence même du temps vécu, l’auteur nous transmet une philosophie de l’histoire, une morale de l’existence et une esthétique de la mémoire qui restent d’une surprenante acuité pour élucider les énigmes d’aujourd’hui.
Avis lecture
En prépa littéraire, il y a des auteurs incontournables tels que Stendhal, Céline ou encore Flaubert qu’il est impossible d’éviter. Ou presque ! C’est ce que j’ai réussi à faire pour Flaubert… Pourquoi ? Je n’en sais rien. Les quelques extraits que j’avais étudiés de deux de ses romans, à savoir Madame Bovary et L’Éducation Sentimentale, ne m’avaient guère donné envie de me lancer dedans. Bien mal m’en a pris ! Car si Madame Bovary ne m’a pas convaincue par la suite, il n’en a pas été de même pour L’Éducation Sentimentale. Autant j’entendais beaucoup de louanges sur Madame Bovary, autant celui-ci était aussi bien décrié que porté aux nues. Dans la mesure où je n’avais pas aimé le récit de la vie d’Emma, c’est avec beaucoup d’appréhension que j’attaquai celui de la vie de Frédéric. Pourtant, ce roman a été une véritable surprise : je me suis totalement laissée emporter par cette épopée. Car ce roman est un chef-d’œuvre de la littérature française.
Frédéric est un jeune provincial qui décide de partir faire ses études à Paris. En revenant dans sa province natale pour quelques mois, il fait la rencontre de Jacques Arnoux, un amateur d’art exubérant, ainsi que de son épouse. Il connaîtra là ses premiers émois amoureux, tombant immédiatement sous le charme de Marie Arnoux. De retour à Paris, la tête pleine de rêves, le jeune homme romantique va errer de déception en déception, aussi bien professionnelles, politiques qu’amoureuses. Mais plus que l’histoire de Frédéric, L’Éducation sentimentale est le récit de toute une génération : de ses attentes, de ses illusions, de ses espoirs et enfin de ses déceptions et de ses échecs.
Souvent, il est reproché à Flaubert son écriture lourde aux phrases particulièrement longues et complexes. L’Éducation Sentimentale ne fait pas exception, bien au contraire et certains trouveront cela particulièrement ennuyeux. Personnellement, j’ai adoré cet ennui. Flaubert parvient avec brio à nous passionner par un récit fait de petits riens. En assemblant les mille et un petits détails de la vie dans toute leur banalité, l’auteur parvient à nous peindre un tableau des plus captivants. Les descriptions sont nombreuses. Je dirais même que le livre est essentiellement fait de descriptions de paysages. Mais ce sont elles qui font tout le récit car sans elles, nous ne pourrions comprendre tous ces personnages et leur évolution dans le roman, en particulier Frédéric, le personnage principal.
Frédéric est le représentant de toute une génération de romantiques désabusés par la société dans laquelle ils vivent. Jeune et ambitieux, sa vie sera une succession de nombreux échecs : d’esprit faible et influençable, notre héros aspirera à une grandeur qu’il ne parviendra jamais à atteindre, en dépit de tous les moyens dont il disposera. D’ailleurs, d’un point de vue historique, ce roman est un vrai trésor. Tous les grands évènements du milieu du XIXème siècle sont consignés ici : la fin de la Monarchie de Juillet, la Révolution de 1848, la Seconde République... Autant d’évènements qui ont marqué l’histoire de la France et dont Frédéric est le spectateur impuissant. Fréquentant tantôt les milieux socialistes révolutionnaires tantôt les milieux bourgeois, il ne parviendra jamais à trouver sa place, condamné à demeurer à la lisière de ces différents mondes. Cette impuissance à s’inscrire dans la société montre son incapacité à vivre pleinement sa vie notamment sentimentale. Entre des femmes inaccessibles, idéalisées, frivoles, provinciales, riches ou trop hautaines, Frédéric demeurera un éternel insatisfait. La lente agonie de la monarchie et la perte des illusions républicaines vont servir de trame de fond à cette éducation sentimentale. Derrière celle-ci, c’est une France en pleine révolution que Flaubert nous présente, faisant de ce roman bien plus que la simple fresque d’une seule vie.
Conclusion
Zola se chargera de la conclusion mieux que moi : « Ce que l'auteur apporte, ce sont les profondeurs inconnues de l'être, les sourds désirs, les violences, les lâchetés, toutes les impuissances et toutes les énergies traduites par les niaiseries de la vie journalière. Et ce n'est pas un simple greffier. C'est un musicien doué dont les poèmes sont faits pour des oreilles sympathiques. »
Extrait
« Elle ressemblait aux femmes des livres romantiques. Il n'aurait voulu rien ajouter, rien retrancher à sa personne. L'univers venait tout à coup de s'élargir. Elle était le point lumineux où l'ensemble des choses convergeait ; et, bercé par le mouvement de la voiture, les paupières à demi closes, le regard dans les nuages, il s'abandonnait à une joie rêveuse et infinie. »
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