Auteur : Colline Hoarau
Genres : science-fiction, dystopie
Éditions : Nombre 7
Parution : 13 août 2021
Pages : 164
Série : non
Prix : Numérique : € - Papier : 13,50€
Résumé
Au cœur de la société française de 2040, Mahavel, une jeune femme de 20 ans, fait une rencontre qui risque de définitivement bouleverser sa vie. Jour après jour, elle est amenée à se questionner sur son passé, son présent et son avenir, mais aussi à voyager entre sa région natale, la Bretagne, et sa terre d'origine, l'île de la Réunion. À travers un cadre spatio-temporel à la fois historique et futuriste, Mahavel nous emmène à la découverte de son histoire familiale.
Des nouvelles technologies à la santé, en passant par l'éducation et l'alimentation, Mahavel fait un bond dans le temps qui nous fait réfléchir et prendre conscience des enjeux majeurs actuels.
Avis lecture
2040 : Coquelicots et bleuets est un court roman qui nous projette dans une France du futur pas si lointaine.
Mahavel est une jeune femme de 20 ans absorbée par son quotidien, programmé et millimétré dans le moindre de détail. Un jour, elle se prend à s'intéresser à un livreur. Pourquoi n'arrête-t-elle pas de penser à lui ? Elle a tellement envie de le revoir… En est-il de même pour lui ? Pourront-ils se revoir, se parler ? Est-ce seulement encore envisageable dans une société toujours plus déshumanisée dans ses rapports ? S'interrogeant sur elle-même, sur son passé et par ricoché sur son avenir, Mahavel nous fait partager son histoire familial. Là, elle prend conscience de tout ce qu'implique la société dans laquelle elle vit. Une société où le hasard n'a aucune place, une société où sous couvert de bien-être, les relations humaines disparaissent chaque jour un peu plus.
2040 : Coquelicots et Bleuets c'est un roman bien écrit mais à la fois très scolaire et militant. Il s'agit d'une projection dans un futur proche : 2040. La société a beaucoup évolué. Les technologies accompagnent les individus jusque dans le moindre détail de leur vie. C'est une société de contrôle total sous couvert de bien-pensance et de "c'est pour votre bien". Cela a entraîné un repli sur soi et un individualisme exacerbés. C'est la porte ouverte à tous les extrêmes. Colline Hoarau nous montre qu'on ne chasse pas un extrême par un autre et que les extrêmes peuvent prendre bien des formes. De l'autre côté, on a une société fracturée avec des habitants rejetant toutes ces technologies de traçage. Ils prônent un retour aux bases naturelles, au respect des autres mais aussi de toute chose. Utopique, certes. Avec un fort militantisme écologique. Sauf que cela se fait au détriment de la trame scénaristique et des émotions, ce que je trouve dommage car 2040 : Coquelicots et Bleuets, c'est un roman qui pousse énormément à réfléchir.
Quelle société souhaitons-nous ? En nous emmenant dans un futur proche, Colline Hoarau rend cette société encore plus réelle, plus possible. Est-ce bien ? Est-ce mal ? La question est plutôt : est-ce ce que nous souhaitons ? Là, les technologies sont tellement perfectionnées qu'elles permettent de surveiller l'état de santé de chacun, constamment et même d'anticiper sur les potentiels développement de maladies en fonction d'analyses génétiques. S'en suivent des règles d'hygiène de vie strictes, que chaque individu doit suivre s'il ne veut pas se voir rappelé à l'ordre. Mais c'est pour le bien de tous et toutes… Qui n'a jamais rêvé de voir les maladies disparaître ? Fini les souffrances, on peut même les anticiper ! Vraiment ? A quel prix ?
La nature est indomptable et l'homme allait finir par la détruire complètement par ses actions. La prise de conscience écologique n'était plus une option. Alors une conscience écologique a été imposée. Sous couvert de sensibilisation et d'éducation, il y a surtout une part de conditionnement. Dans ce futur, tout est plus lisse, plus conforme et même, conformiste. Pourtant, il y a encore des individus qui vivent en marge de cette société et qui ont trouvé un mode de vie alternatif qui n'a pas exclu les relations humaines. Bien au contraire ! La sauvegarde de l'Humanité ne peut se faire en sacrifiant notre propre humanité… Alors, ces individus ont appris à vivre différemment, en respectant la nature et en refusant les nouvelles technologies. Pas de tracking pour eux, pas de fichage, ils vivent et profitent de chaque instant qui passe sans se référer à une intelligence artificielle leur dictant l'organisation de leur journée. Et Mahavel va découvrir tout cela, tout en se cherchant. Pour se connaître, pour connaître sa famille, pour connaître les autres, pour connaître le monde.
Le fond est bon mais j'aurais souhaité un développement de l'histoire plus poussé afin de garder ce positionnement de l'auteur tout en ayant une belle histoire à me remémorer. En gros, le roman est trop court ! Les scènes servant de prétexte pour initier la réflexion sur les différents aspects de la société s'enchaînent souvent bien trop vite et sans trop de transition.
Conclusion
2040 : Coquelicots et Bleuets est un roman agréable à lire dont l'intérêt est surtout de nous pousser à réfléchir sur l'avenir que nous souhaitons pour notre société. Quoiqu'il en soit, les romans de Colline Hoarau tiennent toujours leur promesse en nous offrant d'agréables moments de lecture !
Extraits
« Après un mois de déconnexion dans un lieu éloigné des machines, j'avais redécouvert le monde qui m'entourait et, surtout, je reparlais avec mes semblables. Ils n'étaient pas si semblables que cela. Nous n'aimions pas communiquer en direct, sans filtre. Le monde paraît embelli à travers les appareils, la réalité virtuelle transformant notre vision. Nous pouvons être là en nous coupant du monde. Rien ne m'empêche de faire croire que je suis ailleurs. Seul le système sait où je suis vraiment. »
« Nous sommes suivis ou repérés en permanence. La traçabilité est obligatoire pour tout enregistrement. À moins de ne jamais utiliser les services, ce qui semble impossible, car on doit tous bouger un jour ou l'autre. On nous dit que nos données ne sont pas enregistrées nominativement. Mais pour des raisons de sécurité, il est si facile de savoir qui est où à quel moment. Quant à dire qui est "ON" - je ne sais pas, sûrement un opérateur de l'État ou une filiale commerciale. »